Située au cœur de l’espace méditerranéen, Bejaïa, ville d’Algérie qui donna son nom aux petites chandelles (les bougies) [1] et à partir de laquelle les chiffres arabes ont été popularisés en Europe, renferme de nombreux sites naturels et vestiges historiques, qui témoignent encore aujourd’hui des fastes de sa longue histoire. Son tissu urbain est caractérisé par une continuité ininterrompue d’occupation depuis l’Antiquité. En effet, l’occupation préhistorique de la région de Bejaïa est remarquable par les nombreux sites et gisements ibéromaurusiens (de -200 000 à -10 000 ans) que l’on rencontre, notamment dans les Babors septentrionaux. Sous forme de semis d’industries de plein air ou d’habitats d’abris sous roche, ces gisements ont livré de nombreux restes humains se rapportant à la première nappe d’Homo sapiens d’Afrique du Nord, l’Homme de Mechta-Afalou, des industries, des structures d’habitats et surtout, des manifestations artistiques.
Son tissu urbain est caractérisé par une continuité ininterrompue d'occupation
depuis l'antiquité.
En effet,
l'occupation préhistorique de la région de Bejaïa est remarquable par les
nombreux sites et gisements ibéromaurusiens (de - 200.000 à - 10.000 ans) que
l'on rencontre, notamment dans les Babors septentrionaux.
Sous forme
de semis d'industries de plein air ou d'habitats d'abris sous roche, ces gisements
ont livré de nombreux restes humains se rapportant à la première nappe d'Homo
sapiens d'Afrique du Nord, l'Homme de Mechta-Afalou, des industries, des
structures d'habitats et surtout, des manifestations artistiques.
L'OCCUPATION ROMAINE |
C'est en 27
- 26 avant J.C que le romain Octave y fonda la Colonia Julia Augusta Saldensium
Septimana Immunis, pour les vétérans de la Legio VII Augusta. Au moment de la
constitution de la colonie, cette région n'aurait pas encore appartenu à
l'empire, mais elle se serait trouvée à la frontière du royaume de Juba II.
Ce n'est
qu'en 42 après J.C que fut créée la province de Mauritanie Césarienne. A la
suite de la réforme de Dioclétien, le territoire de la ville devint partie
intégrante de la Mauritanie Sitifienne.
La ville fut
siège épiscopal, comme l'atteste la mention d'un évêque Salditanus dans la
Notitia episcoprum de 484.
Le
ravitaillement en eau de la ville était assuré par un aqueduc qui captait la
source de Toudja, sur le flanc du massif de Tadrart Aghbalou, à 16,5 Km à
l'ouest de Saldae.
Une célèbre
inscription de Lambèse nous renseigne sur les péripéties liées au creusement du
canal pour le passage de l'aqueduc. celui-ci aurait constitué un exemple
d'ouvrage de génie civil, réalisé par la main d'œuvre militaire.
D'après les
nouvelles conclusions de J.P Laporte (1994), la première intervention, vers
137, se serait limitée à une étude de faisabilité.
Les travaux auraient duré de 4 à 6 ans et le rôle de l'armée se serait cantonné
à la mise à disposition du chantier d'un technicien de haut niveau (un géomètre
spécialisé), en la personne de Nonius Datus.
LA PÉRIODE MÉDIÉVALE |
L'antique Saldae inaugure ainsi son rôle historique et deviendra d'une des
villes les plus prospères du Maghreb.
En 1136,
elle repoussa une expédition de la flotte génoise, mais fût prise par les
Almohades en 1 152.
Elle
redevint une place commerciale, scientifique et culturelle prospère sous les
Hafsides (XIII-ème - XV-ème siècles).
Cette
période médiévale représente l'âge
d'or de la ville, notamment grâce à l'impulsion
du prince Hammadite Al-Nasir.
Tour à tour
capitale d'un état indépendant, puis chef lieu de province d'un empire, la
configuration de la population (qui selon le voyageur Léon l'Africain s'éleva à
plusieurs dizaines de milliers d'habitants) était très significative.
Cette
population était constituée en majorité de Kabyles et d'andalous. Il y avait
aussi une importante communauté espagnole (al-jamâa al-Andalusiya) cohérente et
dirigée par un Cheikh.
Enfin il y avait un fort groupement de juifs, ainsi qu'une colonie chrétienne.
La présence de cette dernière est attestée par la fameuse lettre du pape
Grégoire VII au souverain Al-Nasir en 1076.
Par la
suite, les relations officielles et commerciales avec les républiques
chrétiennes de Gênes, Pise, Venise, Marseille, Catalogne et enfin Majorque sont
caractérisées par la signature de traités de commerce, de paix, traités sur les
biens des naufragés, ....
L'importance
de ce commerce est illustrée par la présence dans la ville de Founduks et de
consulats de ces républiques chrétiennes : achat de marchandises maghrébines et
Sahariennes, de produits de l'artisanat local, notamment les "petites
chandelles" de Bougie.
En effet,
selon le géographe Al-Idrissi : " Les marchands de cette ville sont en
relation avec ceux de l'Afrique occidentale et ceux du Sahara et de I'Orient
". " Les vaisseaux qui naviguent vers elle" passaient par
l'arceau de Bab al-Bahr et faisaient réparer leurs avaries sur les chantiers de
Dar es-Senâa.
Le rôle joué
par Bougie dans la transmission du savoir au Moyen âge est confirmé par les
séjours plus ou moins longs de personnalités scientifiques et littéraires
prestigieuses, versées dans tous les domaines de la connaissance :
le métaphysicien Andalou "Ibn Arabi", le mathématicien italien
"Leonardo Fibonacci", le philosophe catalan "Raymond
Lulle", l'historien "Ibn Khaldun",....
Il en est de
même pour les personnalités religieuses (Sidi Bou-Medienne, Sidi Bou-Saïd,
At-tâalibi,..) et les voyageurs (Al-Idrissi, Ibn Battuta,...... ).