Le thèâtre
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Le théâtre dans l’Antiquité
Les Grecs continuent d’admirer non seulement les nouvelles
productions théâtrales à caractère social, mais aussi les anciennes pièces
grecques, et tout particulièrement les tragédies de la Grèce antique.
L'importance attribuée au théâtre dans l'Antiquité est indéniable. Pour les
Grecs anciens, les tragédies, les comédies et les satires étaient le centre
de la vie culturelle. Le public participait aux représentations (methexis),
captivé par les pièces d’Eschyle, Sophocle, Euripide, Aristophane et, plus
tard, Ménandre, à travers lesquelles il pouvait expérimenter les différentes
situations tragiques ou comiques vécues par les personnages de la pièce.
L’évolution du théâtre grec
Le théâtre n’a jamais cessé d’exister à travers les
siècles et d’influencer le mode de vie et la façon de penser des Grecs. L’évolution
des arts au Moyen Âge et à la Renaissance (William Shakespeare, Ben Jonson,
Carlo Goldoni) a façonné celle de la production théâtrale en Crète et sur
les Îles de la mer Ionienne (Eptanissa). Vitsentzos Cornaros, Giorgos
Hortatsis, Petros Katsaitis, Antonis Matessis, et Dimitris Gouzelis
introduisirent de nouveaux modèles et de nouveaux genres théâtraux
influencés, pour la plupart, par le théâtre italien, et qui, parfois,
imitaient ou s’inspiraient des textes ou des mythes de la Grèce antique (Katsaitis,
par exemple, a écrit une pièce intitulée Thyeste, une tragédie
dont la forme s’inscrit dans la droite lignée des tragédies antiques). La
langue utilisée remonte aux origines et tout particulièrement aux dialectes
crétois et ioniens qui, depuis, ont presque tous entièrement disparus.
Le XIXème siècle
Le théâtre grec a été florissant jusqu’à la fin du
XIXè siècle, et plus précisément, autour de 1880, période à
laquelle les premières troupes de théâtre ont instauré leur présence sur
scène. Ces troupes présentaient des pièces d’origine française telles que
les vaudevilles ou les farces. A cette période, de nouveaux
dramaturges ouvrirent la voie à une nouvelle ère, en introduisant d'autres
formes et concepts théâtraux. Dimitris Vernardakis, Dimitris Koromilas,
Angelos Vlachos, Spyridon Peressiadis, pour n’en nommer que certains, se sont
forgé une immense popularité grâce à leurs pièces tragiques ou à leurs idylles
(tragiques ou comiques). Ces œuvres sont de précieux témoins de la vie
familiale traditionnelle de l’époque. En 1894, un nouveau genre théâtral
apparut sur les scènes athéniennes, apportant un spectacle plus coloré, à l’origine
d’une nouvelle atmosphère théâtrale : le cabaret athénien (Athinaiki
epitheorissis). Ce nouveau genre comprenait la musique, les paroles, les
chansons, la danse et beaucoup de vivacité et d’allégresse. Les textes de
ces revues athéniennes faisaient la satire des situations politiques, sociales,
religieuses ou morales de l’époque. Ils étaient joués par les plus grands
acteurs, spécialisés dans ce genre de rôles. Ces représentations
s'inspiraient principalement des spectacles de cabaret de Paris et de Londres,
et ils étaient adaptés avec succès auprès du public grec. Aujourd’hui, l’epitheorissis
continue à prospérer, hiver comme été, et au fil des changements de
conjoncture politique et sociale, à constituer, pour les auteurs, un matériau
se prêtant parfaitement à la satire, à la critique, à la contestation, voire
aux injures. D’ailleurs, le public accepte généralement bien la critique et
rit spontanément.
Le XXème siècle
C’est au XXème siècle que commence une
nouvelle ère pour le théâtre grec, qui subit les influences du nord-ouest de
l'Europe (Norvège, Suède et Allemagne). Henrik Ibsen devient alors l’un
des plus grands précurseurs de ce qu’on appelle le théâtre bourgeois
(Astiko drama) et qui est représenté en Grèce par Grigoris
Xenopoulos, Spyros Melas, Pandelis Horn ou Dimitris Bogris. Jusqu’en 1950, le drame
poétique ou historique était généralement écrit par des dramaturges
initiés, tels que Angelos Sikelianos, Nikos Kazantzakis, Vassilis Rotas, ou
Angelos Terzakis. De 1950 à 1960, les farces et les comédies
dominent la production théâtrale. Les descriptions réalistes de la vie
quotidienne des personnages comiques, les quiproquos, la satire caustique des
coutumes et des habitudes grecques, de même que les tendres histoires d’amour
créent l'atmosphère qui a régné sur le théâtre grec et le cinéma durant
plusieurs années, fascinant le public grec de génération en génération.
Aujourd'hui encore, ce théâtre demeure populaire, toujours aussi poignant et
contemporain.
Le théâtre grec moderne
L’année 1957 fait date dans l’histoire du théâtre grec
moderne. C’est l’année où Iacovos Cambanellis, considéré comme "le
père du théâtre grec contemporain", présente sa pièce la Cour
des Miracles (I avli ton thavmaton) au Theatro Technis
(Théâtre d'art) de Karolos Koun. Une nouvelle génération de dramaturges
talentueux émerge alors, modifiant l’atmosphère du théâtre grec et l’enrichissant
de nouvelles idées. Depuis, le public n’a cessé de découvrir une dimension
créative, tragique, dramatique, comique, satirique, complexe ou même
inconcevable à travers les thèmes et les personnages des nouveaux auteurs,
tels que Vassilis Ziogas, Dimitris Kehaidis, Georges Skourtis, Marios Pontikas,
Mitsos Ephimiadis, Pavlos Matessis, Georges Maniotis, Loula Anagnostaki, Costas
Mourselas, Giorgos Dialegmenos, Stratis Carras et Yannis Chryssoulis. Ces
derniers parviennent à conjuguer théâtre moderne et restitution fidèle de la
vie réelle.
Les troupes de théâtre
Il convient de noter que derrière ces auteurs, se trouvaient
aussi les metteurs en scène et les acteurs indispensables à la mise en scène,
tels que Dionissios Tavoularis, Eftihios Vonasseras, Dimosthenis Alexiadis ou
Evangelos Pantopoulos (1880). Au classicisme de jeu des deux grandes actrices,
Évangélia Paraskévopoulou et Ékatérini Véroni, s'est substituée toute une
génération de nouveaux acteurs et metteurs en scène, qui surent innover la
mise en scène de certains textes et apporter de nouveaux concepts comme le
réalisme, le naturalisme, le classicisme ou le romantisme. En 1901,
Constantinos Christomanos, auteur, metteur en scène, traducteur et grand
érudit créa le "Nea skene" (la Nouvelle scène). Il mit en
scène des pièces d’Euripide, d’Ibsen, de Goldoni et démontra comment il
était possible d'associer les deux courants, réalisme et naturalisme, en une
seule et même représentation bien agencée.
Parallèlement à la Nea skene de Christomanos, le
grand metteur en scène, Thomas Ikonomou (de formation germanique), fonda le
Théâtre-Royal, où, jusqu’en 1908, il dirigea et interpréta les rôles
principaux de pièces maîtresses, telles que les Fantômes d’Ibsen
ou le Père de Strindberg. Ces deux pionniers grecs de la
mise en scène furent suivis par d’autres grandes figures du théâtre, telles
que Photos Politis, théoricien, érudit, directeur et fondateur du Théâtre
national en 1932, Dimitris Rondiris, héritier de la tradition de Photos Politis
au Théâtre national, et le premier à inaugurer le festival d'Épidaure en
1954, Karolos Koun, fondateur du Théâtre d'art en 1942, Socratis Carandinos
qui créa le Théâtre national du Nord en 1961, Takis Mouzenidis, Pelos
Katselis, Costis Michailidis, Alexis Solomos, seul metteur en scène à avoir
adapté et présenté dans les théâtres anciens dix des onze comédies
d'Aristophane, et plus récemment, Spyros Evangelatos, Minos Volanakis et
Giorgos Michailidis. Ces metteurs en scène ont dirigé des acteurs hors pair,
qui allaient laisser une emprunte indélébile sur la scène athénienne, tels
que Marika Kotopouli, Kyveli Adrianou, Katina Paxinou, Alexis Minotis, Emilios
Veakis, Eleni Papadaki, Vasso Manolidou, Mary Aroni, Dimitris Horn, Elli Lambeti,
Katerina Andreadis, Thanos Kotsopoulos, Giorgos Pappas, Christophoros Nezer ou
Costas Moussouris. Tous ceux qui eurent la chance de voir ces acteurs sur scène
ont gardé un souvenir impérissable de leurs prouesses théâtrale.